Carnelevare - Livre d'artiste

Du papier, du tissu, de la toile de jute, du carton, un de mes textes calligraphié sur un papier vieilli…   


On peut lire le texte de ce petit livre à la suite des photos.


Carnelevare                  


Au perron, déjà, ils se bousculent

les rires empesés d’alcool

exaltés, excessifs, dévorés d’absolu


la nuit arrive en maître

sublimant le désir animal


c’est la grâce et la splendeur

c’est le vertige et la déraison

l’ivresse sur son miroir liquide


devant le vitrail enserré

dans les pierres froides d’un palais

le miaulement interminable du vent

glisse sournois sur les vapeurs de mer morte


c’est les couleurs grises et froides

d’écueils fragiles rongées de sel

aux murs lépreux ignorants du temps


dans les senteurs de naphtaline et de poussière

un spectre vêtu de blanc

s’abreuve aux lèvres d’une exquise insoumise


c’est les histoires de morts écarlates 

c’est les sombres vies, les tragédies

c’est la fin, sans cesse, remise en scène


c’est le rouge, c’est le sang

les anges nus, les diables cornus

l’extravagance de chaque instant


les mains tendues, les membres noueux

les lambeaux de chair pourris et putrides

les orbites creuses


alors dans cette salle de bal 

les parfums et les odeurs de vase

vous enivrent dans une grande valse 

jusqu’à ce que les chairs enfin explosent

vivantes, magnifiques et glorieuses 


de cette danse anthropophage

goûter à la chaude couleur


effleurer cette plaie hurlante

se maintenir à la vie encore quelques instants

dans un ultime voyage fade au fil de l’eau

et reposer enfin pour un long sommeil humide


les coquelicots poussent sur les tombes

gouttes de sang éclaboussées 

d’un rouge fluide et mugissant


© chantal bossard

Écrire commentaire

Commentaires: 0