De la toile de lin, de la toile de jute, du papier,
de la laine, du raphia,
le texte imprimé sur le papier d'un vieux cahier
et une mèche de mes cheveux…
On peut lire le texte de ce petit livre à la suite des photos.
Entendre tes murmures
Tu chancelles en avançant vers le centre. Je sens ta peur, je la sens dans ma chair. Tu avances pourtant, drapée de ton orgueil. La tête droite, les yeux fixés vers les flammes. C'est plus fort que toi, je sais. Il faut toujours que tu les pousses dans leurs derniers retranchements. Je sais qu'il n'y a aucune haine en toi. Juste cette nature tellement farouche, pareil à un trésor qui se mérite. J'ai de la chance moi, tu ne m’as pas blessé.
C'est comme d'approcher une bête sauvage. L’as tu déjà fait ? Quand tu parviens presque à l’atteindre, souviens toi. As-tu la moindre idée de celui qui est le plus effrayé des deux jusqu'à l’instant où tu la touches. C'est une magie incroyable, la vie au bout des doigts. Je l’ai ressenti en venant vers toi.
Maintenant tu chancelles, et je voudrais te porter, t’enlever. Je sens ta peur, je la sens dans mon cœur. Et tu les maudis. Et tu avances pourtant. Ils sont là, tous, les femmes et les sages et l’heure ruisselle de tes larmes retenues. Ne cache jamais tes yeux. Garde le voile haut sur ton front. Reste fière, ma princesse. C'est toi qui est trop belle pour eux. Jamais ils ne violeront nos sentiments.
Je veux encore glisser mes doigts dans la douceur de tes nattes. Je veux encore entendre tes murmures. Tu sais, il me manquait cette respiration. Une éclipse dans ma nuit. J’ai cru tout oublier. Et tu me l'as soufflée depuis des jours et des jours. Sans cesse, tu es là. Et je te sens, et je vis.
© chantal bossard
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